Infection covid = octupler les chances de développer une encéphalite myalgique ou syndrome de fatigue chronique.

« Incidence and Prevalence of Post-COVID-19 Myalgic Encephalomyelitis: A Report from the Observational RECOVER-Adult Study » rédigé par Suzanne D. Vernon et al., publié en 2025 dans le Journal of General Internal Medicine :


Contexte et objectifs :
L’étude vise à déterminer l’incidence et la prévalence du syndrome de fatigue chronique ou encéphalomyélite myalgique (ME/CFS) post-COVID-19 chez des adultes ayant contracté l’infection au SARS-CoV-2. Ce trouble, caractérisé notamment par une fatigue persistante, un malaise post-effort (PEM), des troubles cognitifs, un sommeil non réparateur et une intolérance orthostatique (OI), peut se déclencher après des infections aiguës virales et non-virales.

Méthodologie :
La cohorte RECOVER-Adult a inclus des adultes infectés par le SARS-CoV-2 ainsi que des témoins non infectés, observés longitudinalement aux États-Unis à partir de 83 sites répartis sur 33 États, Porto Rico et Washington DC. Les participants ont été classés en trois groupes :

  • Infectés aigus (enrôlés dans les 30 jours suivant l’infection),
  • Infectés post-aigus (enrôlés plus de 30 jours après infection),
  • Non infectés.

Les critères diagnostiques utilisés sont ceux de l’Institute of Medicine (2015), fondés sur des questionnaires auto-déclarés sur la fatigue, le malaise post-effort, les troubles cognitifs et les troubles du sommeil. L’incidence et la prévalence de ME/CFS ont été évaluées à partir des données collectées à intervalles réguliers, au minimum 6 mois après l’infection initiale.

Résultats principaux :

  • Parmi les 11 785 participants infectés suivis, 4,5 % ont rempli les critères de diagnostic de ME/CFS post-COVID-19, contre seulement 0,6 % chez les participants non infectés.
  • L’incidence du ME/CFS chez les personnes infectées de manière aiguë est de 2,66 cas pour 100 personnes-années, contre 0,93 cas pour 100 personnes-années chez les non infectés appariés, soit un risque relatif (Hazard Ratio) de 4,93.
  • Le symptôme le plus fréquemment rapporté était le malaise post-effort (PEM), touchant 24 % des participants infectés.
  • 88,7 % des participants ayant un ME/CFS post-COVID remplissaient également les critères du syndrome post-aigu COVID-19 (PASC ou « COVID long »), la majorité d’entre eux présentant un profil symptomatique particulièrement sévère (Cluster 4), caractérisé par une combinaison de PEM, troubles cognitifs, symptômes gastro-intestinaux, vertiges et palpitations.

Facteurs associés :
Les participants souffrant de ME/CFS post-COVID-19 étaient plus susceptibles d’être des femmes, d’avoir entre 46 et 65 ans, d’être blanches non-hispaniques, de vivre en milieu rural et d’avoir un niveau d’éducation inférieur au diplôme universitaire. Ils avaient aussi davantage de comorbidités telles que douleurs chroniques, fibromyalgie, maladies neuromusculaires, troubles cognitifs préexistants, troubles dysautonomiques, ou utilisation d’oxygène à domicile.

Discussion et limites :
L’étude souligne que le ME/CFS constitue un effet durable du COVID-19, avec une prévalence et une incidence nettement supérieures à celles observées avant la pandémie. Le PEM est souligné comme un symptôme distinctif, particulièrement invalidant et courant. Toutefois, les auteurs notent plusieurs limites potentielles, telles que l’auto-déclaration des symptômes, le biais de rappel et la possibilité que certains cas préexistants de ME/CFS n’aient pas été correctement identifiés.

Par ailleurs, plusieurs éléments pourraient avoir conduit à une sous-estimation du problème, notamment l’exclusion des cas sévères (hospitalisés) et la possibilité d’une sélection des participants favorisant des cas moins graves, notamment en raison de la vaccination généralisée durant la période d’étude (essentiellement pendant la vague Omicron).

Conclusion :
Les résultats confirment que l’infection par le SARS-CoV-2 entraîne un risque accru et significatif de développer un ME/CFS post-infectieux. L’étude RECOVER-Adult représente ainsi une opportunité unique pour identifier les biomarqueurs objectifs, étudier les mécanismes pathologiques et l’évolution clinique à long terme du ME/CFS consécutif à l’infection COVID-19.

Cette étude ouvre la voie à un approfondissement nécessaire de la reconnaissance clinique du ME/CFS post-COVID et à la prise en compte de cette affection chronique dans les politiques de santé publique et de prise en charge médicale.

Référence APA :

Vernon, S. D., Zheng, T., Do, H., Marconi, V. C., Jason, L. A., Singer, N. G., Natelson, B. H., Sherif, Z. A., Bonilla, H. F., Taylor, E., Mullington, J. M., Ashktorab, H., Laiyemo, A. O., Brim, H., Patterson, T. F., Akintonwa, T. T., Sekar, A., Peluso, M. J., Maniar, N., Bateman, L., Horwitz, L. I., & Hess, R. (2025). Incidence and prevalence of post-COVID-19 myalgic encephalomyelitis: A report from the observational RECOVER-Adult study. Journal of General Internal Medicine, 40(5), 1085–1094. https://doi.org/10.1007/s11606-024-09290-9

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *